Dernière mise à jour le : 05/09/2024
Dans l’entreprise, « le principal facteur de stress est l'organisation, ou plus exactement le manque d'organisation », assure Pierrette Trilhe, médecin du travail. Ce qui peut se traduire sous de multiples formes : des salariés qui ne savant plus ce qu’il faut faire du jour au lendemain, des objectifs constamment modifiés, la difficulté de communiquer avec sa hiérarchie… Ce qui aboutit à des difficultés de s’organiser dans le travail, auxquelles peuvent s'ajouter des problèmes personnels. « Car les stress s’additionnent les uns aux autres, commente la psychologe Milena Muzyka-Le Gal : un deuil, des problèmes de famille, ou des difficultés financières sont des stress que l’on ne laisse pas à la porte de l’entreprise ».
Et Milena Muzyka-Le Gal de poursuivre : « la réaction du stress est un phénomène nous permettant de nous adapter à une situation nouvelle, d'en prendre conscience, de l'analyser et de nous préparer à y faire face ». Evidemment, chacun réagit en fonction de sa personnalité, de son éducation, de sa culture, voire de son patrimoine génétique. « La différence d’estime de soi est notamment très importante », ajoute la psychologue : « ceux qui ont une estime assez haute vont rejeter la faute sur les autres, alors que ceux qui ont assez peu d’estime d’eux-mêmes vont plutôt culpabiliser ».
Le traitement de l’information joue aussi un rôle clé dans le déclenchement du stress ; on peut vivre par exemple comme de l’agressivité un comportement qui traduit simplement de l’anxiété ou de l’angoisse. Le stress peut ainsi être simplement le produit d’un malentendu. Sans oublier le contexte social, qui est également un facteur déterminant, comme l'indique Pierrette Trilhe : « si la personne est en isolement social, le stress est beaucoup plus fort ». Mais dans tous les cas, la mesure du stress n'est possible qu'à l'échelle de l'individu, dans la relation directe avec une personne ; le type de relation que le médecin du travail établit justement avec l'ensemble des salariés, à l'occasion des visites. « Nous avons des outils pour détecter la souffrance mentale, le niveau de stress ressenti, et les facteurs de ce stress »...
Si le mode de management impose une forte pression aux salariés, ce que Pierrette Trilhe appelle le « management par l'angoisse », il peut s'avérer contre-productif : « je le constate à travers la proportion élevée de personnes stressées qui quittent assez rapidement leur entreprise pour un autre poste, ou plus couramment avec des salariés qui vont travailler en traînant les pieds et en essayant d’en faire le moins possible pour ne pas avoir à le subir ».
Certains salariés sont plus exposés que d'autres, notamment ceux qui ont le plus d'ancienneté dans un poste. « Ces salariés hésitent d’autant plus à quitter leur entreprise pour échapper au stress et se sentent en quelque sorte piégés, justifie Pierrette Trilhe, avec le sentiment qu’ils ne pourront pas faire autre chose que ce qu'ils ont toujours fait : ils sont prisonniers de leurs compétences ». Contrairement aux idées reçues, la mobilité ne serait donc pas forcément synonyme d'insécurité et de stress négatif : « plus les gens sont mobiles plus ils ont confiance en eux et, par conséquent, moins ils sont stressés »...
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