Dernière mise à jour le : 26/04/2024
Les entreprises engagées en faveur de la qualité de vie au travail (QVT) vont souvent au-delà du « cadre réglementaire », dans une logique d’écoute active des attentes de leurs collaborateurs. L’exemple d’e.Voyageurs SNCF, qui gère les trois plateformes digitales de mobilité́ de la SNCF : OUI.sncf, l’Assistant SNCF et Rail Europe. Reportage.
Agir Mag : Comment avez-vous déployé votre programme « QVT » à partir des usages des collaborateurs ?
Isabelle Lerin Basset : Notre accord sur la qualité de vie au travail, signé en mai 2021, va au-delà des obligations réglementaires. C’est le cas en ce qui concerne la parentalité ; nos collaborateurs sont concernés au premier chef puisque leur moyenne d’âge est de 35 ans. Le gouvernement a étendu de 11 à 25 jours le congé de paternité à compter de juillet 2021. Nous n’avons pas attendu cette avancée pour proposer, de notre côté, 28 jours de congé rémunérés à 100% aux nouveaux papas (ou conjoints), ce qui représente un investissement de 2% de la masse salariale chaque année.
Nous veillons aussi à protéger les femmes enceintes : elles bénéficient ainsi d’une semaine de télétravail par mois pendant toute la durée de leur grossesse, et d’une semaine à mi-temps payée à 100% lors de leur retour au travail. Il est également possible de donner des congés solidaires à un collègue en difficulté, qui a par exemple besoin de temps pour accompagner un proche gravement malade.
Ce n’est pas plafonné et l’employeur abonde pour compléter la participation des collaborateurs. Parallèlement à cet accord de QVT, nous avons travaillé collectivement autour de notre nouvel environnement professionnel, à Lille, où nous venons de déménager dans des locaux entièrement repensés en fonction des modes de travail de nos « geeks ». Une démarche similaire, que nous avons baptisée smart office, a été déployée dans les locaux de la capitale.
Une fois encore, c’est la co-construction qui a permis de configurer nos espaces, en croisant les usages des collaborateurs et les réponses possibles de l’architecte : espaces de créativité, espaces silence, espaces de réunions...Nous avons par exemple imaginé du mobilier adapté aux habitudes de travail : des plateaux amovibles pour la position debout ou des bureaux ergonomiques pour le codage à quatre mains. Tout cela se fait dans une démarche RSE, avec des matériaux issus de circuits courts et recyclés, en lien avec des entreprises de travail adaptées, sans intermédiaire…
Agir Mag : Vous avez signé un nouvel accord de télétravail, fin 2020, qui donne une place renforcée à l’autonomie. Pourquoi cette accélération ?
I.L-B : e.Voyageurs SNCF est la filiale digitale de SNCF Voyageurs. Nos collaborateurs sont en majorité des experts technologiques et numériques de la mobilité ; leur profil nécessite des mesures spécifiques sur le plan de la QVT, qui correspondent à leur mode de travail (agilité…). Nous avions d’ailleurs déjà un accord de télétravail très favorable, depuis 2012, qui a été renouvelé en 2019 à partir du retour d’expérience de nos collaborateurs.
Nous étions donc un peu pionniers, ce qui est dans l’ADN de nos métiers du digital. La crise sanitaire n’a fait qu’accentuer ce que nous savions déjà : c’est en co-construisant avec les équipes leurs conditions de travail que l’adhésion est la plus forte, et donc aussi la performance. Cet accord a été construit en six mois avec nos managers et notre syndicat représentatif ; il est la preuve que notre activité repose depuis longtemps sur la confiance, l’autonomie et la responsabilisation. Nous sommes par exemple passés d’un accord de 2 jours de télétravail par semaine à 3 jours, pour répondre à la demande interne.
C’est le principe de l’organisation collective du travail qui a rendu cela possible : les collaborateurs savent que c’est le rythme de l’équipe qui prime. Leur seule obligation est d’organiser une journée commune sur le site et une autre en télétravail. Pour le reste, ils sont libres de gérer leur activité de télétravail comme ils l’entendent. La concertation se fait entre eux, nous n’intervenons pas dans leur organisation. Nous avons également renforcé l’accompagnement matériel, financier et managérial de ce dispositif, pour structurer durablement ces nouveaux usages. L’idée est que tous aient les mêmes conditions de travail sur site ou à distance, avec une grande flexibilité, pour encourager l’engagement et le sens du résultat collectif. Ils reçoivent notamment des tickets repas, où qu’ils soient, et ont accès à tout le dispositif de carrière habituel, dont les formations.
Agir Mag : La féminisation des métiers du numérique fait également partie de vos priorités: quel est votre message ?
I.L-B : D’une façon globale, nous sommes engagés en faveur de la parité depuis longtemps. Nos efforts viennent d’ailleurs d’être récompensés puisque notre index d’égalité femmes/hommes a progressé de 6 points par rapport à 2019 : il est de 99/100. Nos métiers technologiques ne sont pas encore une cible pour les femmes ; elles sont seulement 20% à être diplômées de la filière bac+5. Une statistique faible qui se répercute sur les recrutements.
Nous avons donc décidé d’agir en amont, pour sensibiliser les filles, dès leur plus jeune âge, à l’attractivité de ces métiers du digital. Nous déclinons les journées « Girls Day SNCF » en « Girls in IT », avec pour objectif de faire connaître notre univers numérique à des étudiantes, dès le lycée, pour susciter des vocations. Elles sont 1500, en moyenne, à participer à ces journées annuelles de la mixité au niveau de l’ensemble du groupe, et une trentaine chez nous. Nous avons aussi noué un partenariat avec Social Builder, qui accompagne les femmes en reconversion professionnelle via un programme de mentorat et d’ateliers de coaching...
e.Voyageurs SNCF avait déjà été labellisée, début 2021, par Great Place to Work, un organisme qui classe les entreprises les plus investies en qualité de vie au travail, en fonction des notes attribuées par les salariés eux-mêmes. Elle vient d’entrer dans le top 10 des Best Workplaces 2021 des entreprises de plus de 1000 salariés : une entrée qui vient confirmer ses actions en faveur de ses talents et du bien-être de ses collaborateurs !
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La qualité de vie au travail est l’affaire de chacun et vise le bien-être de tous. Le bien-être est lâché ! Et l’idée est précisément de « se lâcher », de s’autoriser à vivre son travail autrement…
